Les 13 et 14 février, l’EFFE a été invitée à participer à la réunion ministérielle de haut niveau sur le vieillissement actif et autonome organisée par la présidence suédoise du Conseil de l’UE. Une centaine de personnes ont été invitées à participer, dont des représentants politiques et des hauts fonctionnaires des États membres de l’UE, des représentants de la Commission européenne, des organisations de la société civile, des partenaires du dialogue social et des universitaires. L’objectif principal de la réunion était d’identifier et de discuter les défis et les opportunités offerts par les changements démographiques, afin de permettre des vies professionnelles plus longues et plus durables et d’attirer et de retenir les aidants avec les bonnes compétences.
La réunion a été ouverte par Anna Tenje, Ministre suédoise des personnes âgées et de la sécurité sociale et par Dubravka Šuica, Vice-présidente de la Commission européenne et commissaire à la démocratie et à la démographie. Selon le ministre, les principaux enjeux auxquels est confronté le secteur sont les métiers en tension et le vieillissement de la population, ainsi que l’augmentation des charges sociales, c’est-à-dire les services de soins mais aussi les retraites. Il sera donc essentiel de mettre en place les ressources nécessaires pour assurer la résilience du système de soins. Pour la ministre suédoise, cela signifie la capacité à déployer des filets de sécurité pour ceux qui ne sont plus en mesure de travailler et de fournir des soins de longue durée accessibles et de qualité. Mais elle a également encouragé ceux qui sont encore capables de travailler à poursuivre leur carrière. Pour ce faire, Mme Tenje a recommandé de lutter contre les discriminations liées à l’âge et de développer une meilleure reconnaissance des compétences et de meilleures possibilités de reconversion. La tendance lourde du vieillissement est susceptible d’avoir un impact considérable sur les politiques sociales mais aussi sur la cohésion territoriale, a expliqué le commissaire européen. Elle est bien sûr revenue sur les initiatives mises en place par la Commission, principalement la stratégie Care afin d’améliorer la situation des aidants, qu’ils soient formels ou informels, et de répondre à l’écart d’emploi entre les femmes et les hommes. Elle a insisté sur la nécessité d’investir dans les soins de longue durée et les systèmes de protection sociale et de développer des partenariats pour des environnements accueillants pour les personnes âgées.
Pour le premier panel « Permettre des vies professionnelles plus longues et plus durables », Signe Riisalo, ministre de la protection sociale d’Estonie, a été invitée avec certains partenaires sociaux (Age Europe, Business Europe et ETUC) à réfléchir aux mesures politiques visant à renforcer les opportunités, à accroître les incitations et réduire les obstacles qui empêchent les gens de prolonger davantage leur vie professionnelle. L’objectif de la présidence suédoise était de souligner que les efforts de plusieurs parties prenantes différentes sont nécessaires pour permettre des vies professionnelles plus longues et plus durables dans l’UE. L’importance de l’apprentissage tout au long de la vie a été soulevée, ce qui pose les questions de l’amélioration des compétences et de l’amélioration de l’environnement de travail. Les intervenants ont insisté sur le fait que c’est loin d’être une réalité pour le moment. L’âge reste un facteur de discrimination et les conditions de travail restent difficiles. Pour assurer une vie professionnelle saine, il faudrait s’assurer que le système de protection sociale est pérenne car pour l’instant celui-ci repose essentiellement sur le secteur des soins. Bien que les États membres en soient venus à reconnaître la nécessité d’améliorer les conditions de travail, Sándor Czomba, secrétaire d’État adjoint, ministère du développement économique de la Hongrie, Martina Štěpánková ministre déléguée au travail et aux affaires sociales en charge des fonds européens et de la coopération internationale de la République tchèque et Raf Boey, conseiller du Département du travail et de l’économie sociale du gouvernement flamand en Belgique, ont insisté sur la nécessité d’investir dans les compétences. Cela fait partie de leur approche volontaire : offrir des opportunités de perfectionnement ou de requalification permet de meilleures conditions de travail, en particulier pour ceux qui ne sont pas en mesure de poursuivre leur carrière mais qui souhaitent tout de même continuer à travailler.
Le deuxième jour, l’événement, s’est concentré sur les bonnes pratiques et les idées novatrices concernant la manière d’attirer des travailleurs possédant les bonnes compétences dans le secteur des soins de longue durée. Anna Tenje a souligné que des services de soins accessibles et abordables sont essentiels pour une société égalitaire, pour l’autonomie et la solidarité entre les générations. Même si elle a appelé à atténuer le besoin de soins en raison d’une vie plus longue et en meilleure santé, elle a souligné que de nombreux États membres comptent sur les soins informels. Elle a présenté le défi de la pénurie de travailleurs essentiels au fonctionnement de nos secteurs de soins comme une opportunité avec un potentiel de près de 8 millions d’emplois au niveau de l’UE. La ministre Tenje a déclaré que si nous réussissons à ajuster nos sociétés afin que nous ayons des vies professionnelles plus longues mais aussi plus durables, elle pense que cela renforcera notre compétitivité et apportera croissance et prospérité économique à l’Union européenne.
Maria Jepsen, vice-présidente d’Eurofund, a introduit le sujet en expliquant les défis auxquels le secteur des soins est confronté et en comparant les expériences de différents États membres de l’UE. Elle a discuté de la notion de bonnes compétences, expliqué pourquoi les États membres de l’UE ont du mal à attirer et à retenir les travailleurs possédant les bonnes compétences, comment cette question pourrait être traitée et a réfléchi au rôle que la technologie peut jouer à l’avenir. Elle a souligné qu’il y a 44 millions d’aidants informels fréquents auprès de parents/amis de personnes âgés ou handicapés essentiellement des femmes et des travailleurs étrangers. Pour attirer et retenir des soignants possédant les bonnes compétences, elle a insisté sur la nécessité d’améliorer les conditions de travail, d’élaborer des politiques pour améliorer l’éducation et la formation, de mettre en œuvre des initiatives visant à réduire les obstacles à l’emploi et de lancer une campagne d’information afin de rendre le secteur des soins plus attractif. Plus important encore, elle a démontré que les conventions collectives ont un impact considérable sur les conditions de travail, les compétences et les salaires et que les travailleurs à domicile sont souvent exclus de ces accords et non inclus dans les données statistiques. Elle a souligné l’importance de passer d’un système résidentiel à un système basé sur les soins à domicile afin de répondre au souhait des bénéficiaires de soins, leur permettant de rester à leur domicile et de développer de meilleures solutions pour les finances publiques.
Le deuxième panel visait à illustrer que les États membres partagent des défis lorsqu’il s’agit de recruter et de retenir du personnel possédant les bonnes compétences dans le secteur des soins. Les conditions de travail, le perfectionnement continu et la validation des compétences ainsi que le rôle potentiel de la technologie et de l’innovation numérique ont été mis en évidence au cours de cette session.
Les représentants des États membres de l’UE du trio de présidences, la France, la Tchéquie, l’Espagne, la Belgique et la Hongrie, ont conclu la première et la deuxième journée en réfléchissant aux discussions des deux jours et en partageant leurs expériences sur les sociétés vieillissantes de l’Europe et sur la manière de permettre des vies professionnelles plus longues et plus durables. Le vieillissement démographique semble être l’une des priorités du triumvirat à venir.
En conclusion, la réunion de haut niveau a soulevé un débat politique et mis en évidence les dernières données probantes sur les effets des différentes mesures et politiques dans la promotion d’une vie professionnelle plus longue, reconnaissant qu’aucune mesure seule n’est suffisante et que le changement doit être impulsé simultanément par divers acteurs à différents niveaux de la société. Il y a eu un consensus parmi les décideurs politiques, les partenaires sociaux, les employeurs et la société civile qui ont participé sur la nécessité d’attirer des travailleurs possédant les bonnes compétences dans le secteur des soins de longue durée, ainsi que sur l’importance d’aborder la question de la transition numérique et le rôle qu’il doit jouer. En effet, même s’il est important d’encourager l’allongement de la vie active et de lutter contre la discrimination fondée sur l’âge, il est encore plus important de s’assurer que cela est possible. Pour atteindre cet objectif, les intervenants se sont accordés sur la nécessité d’alléger le fardeau des soignants en améliorant leurs conditions de travail mais aussi en investissant dans l’éducation et les compétences. La nécessité de développer un dialogue social fort et des conventions collectives est arrivée assez tard dans le débat, mais tout au long des discussions elle est apparue essentielle dans l’amélioration des conditions de travail. Pour attirer et retenir les aidants, il faut les impliquer dans les échanges. Malheureusement, ce constat n’est pas venu assez tôt pour inviter les représentants du secteur à intervenir, malgré le fait que plusieurs intervenants aient insisté sur la nécessité de passer d’un système résidentiel à un système basé sur l’emploi à domicile, ce que le représentant français, M. Jean-Benoît Dujol a appelé le « virage domiciliaire ».
Avec la réunion de haut niveau, la Présidence suédoise a souhaité souligner l’importance du partage des bonnes pratiques et des idées innovantes sur ces questions et a donc invité les États membres de l’UE et d’autres participants à une réflexion commune sur les voies à suivre en ce qui concerne les sociétés européennes vieillissantes.
L’EFFE s’est jointe aux participants pour expliquer que les services aux personnes et aux ménages, et en particulier les aides à domicile directement employées par les ménages font partie des solutions pour surmonter les défis liés au vieillissement de la population.
L’EFFE se joint aux orateurs en soulignant que les termes du débat sont clairs : la demande de services de soins ne fera qu’augmenter à mesure que la population de l’UE vieillira au cours des prochaines décennies. En conséquence, les décideurs politiques devront adopter une approche prudente et réfléchie de la politique de soins – une approche basée sur le respect des personnes et de leurs décisions, qui place l’accessibilité, l’abordabilité et la qualité en son cœur, et fonctionne pour les différents modèles de soins des 27 États membres.
Une telle politique est essentielle pour garantir que les citoyens de l’UE aient un véritable choix entre les soins en établissement et à domicile.
Par conséquent, l’EFFE appelle la Commission européenne, le Conseil de l’UE et le Parlement européen à :
– Reconnaître la capacité des personnes nécessitant des soins et de leurs familles à choisir le parcours de soins qui leur convient le mieux – soins en établissement ou à domicile, emploi direct ou par l’intermédiaire de prestataires de services – et leur donner les moyens de prendre cette décision ;
– Adopter une approche fondée sur les droits pour guider la réflexion politique sur les soins et placer l’autonomie au centre de l’élaboration des politiques en matière de soins
– S’engager à reconnaître officiellement et à soutenir le secteur des PHS pour garantir à chacun le droit à des services de soins de longue durée abordables et accessibles de bonne qualité – en particulier les soins à domicile et les services communautaires.
– Reconnaître la diversité des modèles de soins dans l’UE et la valeur ajoutée d’un modèle où les ménages s’occupent directement de travailleurs domestiques et de soins à domicile.
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